73Casanueva � Pierre-Xavier Meschi 2008 Impact de la corruption dʼEtat sur l̓ évolution des participations européennes dans les coentreprises internationales, M@n@gement, 11: 1, 1-26. Accepted by Co-Editor Bernard Forgues Copies of this article can be made free of charge and without securing permission, for purposes of teaching, research, or library reserve. Consent to other kinds of copying, such as that for creating new works, or for resale, must be obtained from both the journal editor(s) and the author(s). M@n@gement is a double-blind refereed journal where articles are published in their original language as soon as they have been accepted. For a free subscription to M@n@gement, and more information: http://www.management-aims.com © 2007 M@n@gement and the author(s). M@n@gement ISSN: 1286-4892 Editors: Alain Desreumaux, U. de Lille I Martin Evans, U. of Toronto Bernard Forgues, U. de Lille I Hugh Gunz, U. of Toronto Martina Menguzzato, U. de València M@n@gement est la revue officielle de lʼAIMS M@n@gement is the official journal of AIMS http://www.management-aims.com http://www.management-aims.com http://www.strategie-aims.com M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 1 Pierre-Xavier Meschi Université de la Méditerrannée Aix-Marseille IIet Ceram Business School eMail: pierre_xavier.meschi@univmed.fr Cet article cherche à apporter une contribution au débat sur la nature de la relation entre investissement direct étranger et corruption dʼEtat dans les pays émergents. Plus préci- sément, lʼobjectif est dʼanalyser cette relation en sʼintéressant à la survie de la participa- tion des partenaires étrangers dans les coentreprises internationales formées avec des firmes locales de pays émergents. Un échantillon de 277 partenaires européens ayant formé une coentreprise internationale au cours de lʼannée 1996 a été constitué afin de tester trois hypothèses de recherche qui ont été déduites dʼun cadre théorique transac- tionnel. Les résultats empiriques montrent que deux mesures de la corruption dʼEtat ont un effet significatif mais opposé sur la survie des coentreprises internationales : le degré dʼimprégnation de la corruption a un effet stabilisateur alors que lʼindice de corruption relative a un effet déstabilisateur. INTRODUCTION Quelles sont les attitudes des firmes étrangères face à la corruption dʼEtat dans les pays émergents ? A regarder de plus près ce que signifie la corruption dʼEtat pour un pays, pour son économie et pour les firmes qui y sont présentes, la réponse éthique à cette question devrait aller de soi. Pourtant, le retrait ou lʼévitement des firmes étran- gères est loin dʼêtre lʼattitude qui est automatiquement et unanime- ment adoptée. Dans cet article, la corruption dʼEtat peut être définie comme une tran- saction illégale entre dʼun côté, les fonctionnaires et membres du gou- vernement local et de lʼautre, les firmes étrangères présentes dans le pays. Pour les firmes étrangères ou les multinationales ayant investi dans un pays émergent, la corruption dʼEtat est un facteur dʼincertitu- de de lʼenvironnement et tout accroissement de la corruption déstabi- lise leurs opérations industrielles et commerciales dans le pays. Une évolution défavorable de lʼenvironnement, en lien avec celle de la cor- ruption dʼEtat, fait peser un risque sur le profit et peut à terme mena- cer la présence même des firmes étrangères dans le pays (Wei, 2000 ; Habib et Zurawicki, 2002 ; Doh et al., 2003 ; Rodriguez et al. 2005 ; OʼHiggins, 2006 ; Rodriguez et al., 2006). Plusieurs études ont montré quʼà un niveau macro-économique, la corruption dʼEtat avait des effets ravageurs sur le développement dʼun pays. Parmi ces études, les tra- Impact de la corruption d’Etat sur l’évolution des participations européennes dans les coentreprises internationales mailto:pierre_xavier.meschi@univmed.fr M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 2 Pierre-Xavier Meschi vaux pionniers de Rose-Ackerman en 1975 et de Shleifer et Vishny en 1993 ont montré que la corruption dʼEtat sʼaccompagnait dʼune dimi- nution des recettes fiscales, dʼun détournement des dépenses publiques et au final, dʼun affaiblissement généralisé de lʼEtat provi- dence. En dʼautres termes, la corruption dʼEtat est un facteur de risque économique, politique et social car il accroît les inégalités sociales et la pauvreté (Cartier-Bresson, 2000 ; Jain, 2001 ; Aidt, 2003). Dʼautres études (Wheeler et Mody, 1992 ; Lambsdorff, 2000 ; Wei, 2000 ; Habib et Zurawicki, 2002, Cuervo-Cazurra, 2006) ont considéré les effets négatifs de la corruption dʼEtat au niveau de la firme et de lʼinvestis- sement direct étranger dans le pays. Selon ces études, lʼopacité des règles du jeu concurrentiel, le niveau élevé des coûts opérationnels (dʼapprovisionnement, de production et de distribution), lʼaccès diffici- le au marché et le manque dʼefficacité des bureaucraties publiques qui sont lʼapanage des pays émergents à forte corruption dʼEtat, rendent lʼinvestissement direct étranger particulièrement risqué. Pourtant, lʼexamen empirique de la relation, supposée négative, entre corruption dʼEtat et investissement direct étranger nʼa pas permis de la valider de façon nette et indiscutable. Ainsi, Wei (2000) et Habib et Zurawicki (2002) ont validé empiriquement lʼexistence dʼune relation négative, tandis que Wheeler et Mody (1992) et Henisz (2000) nʼont mis en évidence aucune relation significative. De la même manière, lʼobservation des firmes étrangères confrontées à la corruption dʼEtat dans certains pays émergents montre que celles-ci ont des attitudes contrastées (Lambsdorff, 2000). Lʼobjectif de cet article est dʼanalyser cette relation en sʼintéressant à lʼévolution de la participation des firmes étrangères dans les coentre- prises formées avec des firmes locales. En dʼautres termes, nous avons choisi dʼétudier la survie dʼune forme particulière dʼinvestisse- ment étranger, la coentreprise internationale avec un partenaire local. Celle-ci se forme « quand deux ou plusieurs partenaires [issus de pays différents] mettent en commun une partie de leurs ressources au sein dʼune organisation commune et indépendante » (Kogut, 1988 : 319). Lʼunité dʼanalyse est dans cette recherche la survie de la participation du partenaire étranger dans la coentreprise internationale. Cet article respectera le plan suivant : dans la première partie, la rela- tion entre corruption dʼEtat et survie des coentreprises dans les pays émergents sera étudiée à partir de la théorie des coûts de transaction. Dans une deuxième partie, lʼanalyse transactionnelle de cette relation sera prolongée en envisageant deux mesures distinctes de la corrup- tion dʼEtat : il sʼagit du degré de pénétration ou dʼimprégnation de la corruption (corruption pervasiveness) (Shleifer et Vishny, 1993 ; Doh et al., 2003 ; Rodriguez et al., 2005) et de la corruption relative ou com- parée (Habib et Zurawicki, 2002 ; Tekin-Koru, 2006). Trois hypothèses de recherche seront formulées dans cette deuxième partie. Lʼéchan- tillon de 277 partenaires étrangers, la méthode de recueil des infor- mations, les variables ainsi que la méthode statistique dʼanalyse de survie seront détaillés dans une troisième partie. Les résultats empi- riques seront présentés dans une quatrième partie. Enfin, la dernière partie consacrée à la discussion et la conclusion synthétisera et dis- M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 3 Impact de la corruption dʼEtat sur lʼévolution des participations européennes dans les coentreprises internationales cutera les points clés de cette recherche. Elle proposera également des limites et des prolongements à cette recherche. CORRUPTION D’ETAT ET SURVIE DES COENTREPRISES INTERNATIONALES : UNE ANALYSE TRANSACTIONNELLE La corruption dʼEtat est définie comme une transaction entre deux par- ties —avec dʼun côté, les fonctionnaires et membres du gouvernement local et de lʼautre, les firmes étrangères— donnant lieu à un échange dʼargent, de cadeaux ou de faveurs contre un ou plusieurs services octroyés par la puissance publique. Il est important de préciser que dans cette définition, la corruption nʼest pas limitée aux seuls verse- ments dʼargent, pots-de-vin et autres largesses financières telles que lʼattribution gratuite dʼactions, lʼoctroi dʼune part du profit de la filiale locale de la firme étrangère ou encore le versement de dons à des associations ou à des partis politiques. Cela peut prendre également des formes non-monétaires telles que des cadeaux ou des emplois réels ou fictifs offerts à la parentèle ou à des amis des fonctionnaires corrompus. En ce qui concerne les services rendus par la puissance publique locale aux firmes étrangères, il faut distinguer ceux qui sont réalisés en accord avec la loi (according-to-rule) de ceux contre la loi (against-the-rule) (Rose-Ackerman, 1975 ; Husted, 1994). Dans le pre- mier cas, il sʼagit de rémunérer illégalement un fonctionnaire ou un membre du gouvernement pour un service qui relève de ses respon- sabilités mais que celui-ci va offrir plus rapidement (cʼest notamment le cas de lʼoctroi de permis ou de licences). Dans le deuxième cas, il sʼagit de contourner la loi à lʼavantage de la firme qui paye un pot-de- vin (cʼest notamment le cas lors dʼappels dʼoffres publics et lʼattribution de marchés publics). Dans cette perspective, la transaction de corruption est une barrière à lʼentrée (Weitzel et Berns, 2006) et représente un coût pour les inves- tisseurs étrangers. Ce coût de la corruption peut être assimilé à un coût de transaction au sens de Williamson (1975 ; 1985). Pour un investisseur étranger, le coût de la corruption dʼEtat correspond à lʼen- semble des dépenses occasionnées pour identifier, contacter et rému- nérer les fonctionnaires corrompus mais également pour se prémunir de leurs éventuels comportements opportunistes et chantages ex post (Husted, 1994). Ces dépenses doivent être supportées à lʼentrée de la firme étrangère mais parfois aussi tout au long de sa présence dans le pays. En effet, si lʼinvestisseur étranger accepte la corruption et sʼy engage, il lui sera difficile à lʼavenir de refuser dʼautres demandes et de sʼen désengager. Il se crée un phénomène progressif de verrouilla- ge (lock-in) de la firme étrangère vis-à-vis des fonctionnaires corrom- pus qui peuvent exercer un chantage à la dénonciation. En synthèse, la corruption est un cycle dynamique et pervers qui a un coût à lʼen- trée mais également à la sortie. Tout développement de la corruption dʼEtat accroît lʼincertitude environ- nementale et les coûts de transaction des firmes étrangères. Dans un M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 4 Pierre-Xavier Meschi pays à forte corruption dʼEtat, le choix du mode dʼentrée par la firme étrangère est stratégique. Chaque mode dʼentrée, quʼil sʼagisse dʼune acquisition, dʼune filiale détenue à 100 % par la firme étrangère ou dʼune coentreprise, représente une structure de gouvernance des différentes transactions avec lʼenvironnement local (Teece, 1986), au premier rang desquelles se trouve la corruption dʼEtat (Rodriguez et al., 2005 ; Tekin- Koru, 2006). Parmi les différents modes dʼentrée dans un pays émer- gent, la coentreprise est la réponse organisationnelle la mieux adaptée à la corruption dʼEtat. En effet, la coentreprise internationale associant la firme étrangère à un partenaire local est la structure de gouvernance qui minimise les coûts de transaction liés à la corruption dʼEtat. Cʼest grâce à son partenaire local, à sa connaissance des acteurs politiques et gouvernementaux, et à ses relations avec lʼEtat que la firme étrangè- re peut soit contrôler la corruption dʼEtat à son avantage, soit sʼen pro- téger ou à tout le moins en limiter les effets négatifs. La connaissance des acteurs politiques et gouvernementaux ainsi que les relations avec lʼEtat constituent un actif spécifique du partenaire local. Pour pouvoir en bénéficier, la firme étrangère désireuse dʼinves- tir dans un pays émergent accepte de partager le contrôle et le profit de la coentreprise internationale avec son partenaire local (Rodriguez et al., 2005), et dʼune manière plus générale de supporter les coûts de gouvernance élevés de la coentreprise internationale (Reuer, 1998). En effet, ces coûts de gouvernance sont largement compensés par lʼaccès à cet actif spécifique du partenaire local. En sʼengageant dans une coentreprise avec un partenaire local, la firme étrangère peut bénéficier de quatre facteurs de réduction des coûts de transaction liés à la corruption dʼEtat : tout dʼabord, le parte- naire local permet dʼidentifier les principaux interlocuteurs au sein du processus de corruption dʼEtat ; et cʼest par son entremise que le par- tenaire étranger y accède rapidement. Deuxièmement, en collaborant avec un partenaire local, le partenaire étranger réduit son handicap de firme étrangère (liability of foreignness) (Zaheer et Mosakowski, 1997) et par là même gagne en légitimité locale (Yiu et Makino, 2002 ; Rodri- guez et al., 2005). En comparaison avec un investissement dans une filiale détenue à 100 %, la firme étrangère, notamment sʼil sʼagit dʼune multinationale, qui préfère opter pour une coentreprise avec une firme locale perdra plus facilement son caractère étranger pour être consi- dérée comme un acteur quasi-local par les fonctionnaires et les membres du gouvernement local. Ainsi camouflé ou dilué dans lʼenvi- ronnement du pays émergent, le partenaire étranger est moins soumis à la corruption dʼEtat que les autres firmes étrangères présentes dans le pays (mais sous dʼautres formes dʼinvestissement direct que la coentreprise). Troisièmement, la formation dʼune coentreprise avec un partenaire local permet aussi de se prémunir des effets négatifs pour lʼimage et la réputation qui peuvent être liés à une implication de la firme étrangère dans des actes de corruption (Luo, 2004). En effet, cʼest souvent le partenaire local, et non le partenaire étranger, qui est sollicité par des fonctionnaires ou des acteurs politiques corrompus. Connaissant les différents réseaux politiques et les pratiques locales en matière de corruption, le partenaire local est considéré comme un M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 5 Impact de la corruption dʼEtat sur lʼévolution des participations européennes dans les coentreprises internationales intermédiaire privilégié. De son coté, le partenaire étranger encourage lʼimplication du partenaire local dans le processus de corruption car cela établit un écran entre lui et ce processus. Cet écran est utile à double titre. Tout dʼabord, cet écran limite le verrouillage de la firme étrangère et les risques de chantage ex post des fonctionnaires cor- rompus. Ensuite, dans lʼéventualité où la corruption est rendue publique, le partenaire étranger peut toujours protéger sa réputation et son image en prétextant quʼil ne savait pas ou que ce nʼétait pas lui. Ce qui est vrai pour lʼimage et la réputation de la firme étrangère ne lʼest plus en ce qui concerne ses risques juridiques dans son pays dʼorigine. En effet, au début des années 2000, le Foreign Corrupt Prac- tices Act, qui est le texte juridique détaillant les peines encourues par les firmes américaines sʼengageant dans un processus de corruption à lʼétranger, a intégré dans un amendement lʼidée de la coresponsabi- lité des firmes américaines dans le cas où leur partenaire local était condamné pour corruption : « le Foreign Corrupt Practices Act prohi- be les actes de corruption réalisés grâce à des intermédiaires […]. Les intermédiaires peuvent être des partenaires locaux de coentreprise. Afin dʼéviter dʼêtre tenus responsables dʼun acte de corruption par lʼen- tremise dʼun tiers, les firmes américaines sont fortement incitées à prendre toutes les précautions nécessaires pour sʼassurer quʼelles ont formé un partenariat avec des partenaires locaux irréprochables et de bonne réputation » (U.S. Department of Justice, 2001, section « Third party payments »). Finalement, la présence du partenaire local, à coté de celle du partenaire étranger et de celle de lʼEtat ou du gouverne- ment local, permet de créer ce que Husted (1994 : 21) a appelé une gouvernance trilatérale de la corruption. Dans ce cadre, le partenaire local joue à la fois un rôle de garant en cas de comportements oppor- tunistes ex post de lʼEtat ou du gouvernement local et dʼarbitre dans le cas où des conflits apparaitraient entre les parties. En synthèse, nous pouvons considérer que le partenaire local permet à la firme étrangère de minimiser les effets négatifs de la corruption dʼEtat ou dans une optique plus cynique, de la contrôler à son avanta- ge. Dans ce dernier cas, la firme locale offre à son partenaire étranger un accès au processus de corruption dʼEtat qui a lʼavantage dʼêtre rapide, sûr et peu risqué. En dʼautres termes, la connaissance des acteurs politiques et gouvernementaux ainsi que les relations privilé- giées avec lʼEtat constituent un actif stratégique pour la firme étrangè- re. Cet actif qui est lʼune des contributions du partenaire local à la coentreprise apparaît dʼautant plus stratégique pour le partenaire étranger que la corruption dʼEtat est importante dans le pays émer- gent. Par voie de conséquence, plus la corruption dʼEtat est forte, plus le partenaire étranger sera dépendant du partenaire local et plus il sera attaché au maintien en activité de leur coentreprise. HYPOTHÈSES DE RECHERCHE Cette analyse transactionnelle de la relation entre corruption dʼEtat et survie des coentreprises peut être approfondie an analysant plus fine- M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 6 Pierre-Xavier Meschi ment la conception composite ou multidimensionnelle de la corruption dʼEtat. Il ressort des travaux de Shleifer et Vishny (1993), de Doh et al. (2003) et de Rodriguez et al. (2005) quʼune dimension importante de la corruption dʼEtat est son degré de pénétration ou dʼimprégnation des différents services et niveaux de lʼEtat et du gouvernement (cor- ruption pervasiveness). En effet, la transaction illégale entre dʼun côté, les fonctionnaires et membres du gouvernement local et de lʼautre, les firmes étrangères présentes dans le pays, peut revêtir plusieurs formes. Il en découle que deux pays peuvent avoir un score élevé de corruption dʼEtat (selon la classification composite de Transparency International par exemple) tout en présentant des pratiques variées et peu comparables de corruption. Lʼidée que la corruption dʼEtat possè- de plusieurs dimensions distinctes a été évoquée initialement par Shleifer et Vishny (1993), puis a été développée par Doh et al. (2003) et Rodriguez et al. (2005). Ces derniers ont notamment discuté de lʼim- pact du degré dʼimprégnation de la corruption dʼEtat sur le choix du mode dʼentrée dans les pays émergents. Doh et al. (2003 : 118) ont défini le degré dʼimprégnation de la corrup- tion dʼEtat comme « le nombre et la fréquence des transactions [illé- gales] et des individus [corrompus] auxquels la firme va être confron- tée au cours dʼune période de temps donné ». En dʼautres termes, le degré dʼimprégnation de la corruption dʼEtat correspond à la probabili- té pour la firme étrangère dʼêtre sollicitée de manière répétée par des individus corrompus de différents niveaux hiérarchiques et services de lʼEtat et du gouvernement (Rodriguez et al., 2005). Ainsi, une firme étrangère investissant dans un pays à forte imprégnation de la cor- ruption dʼEtat sera dans lʼimpossibilité dʼéchapper à un véritable sys- tème de transactions illégales prévalant au sein de lʼEtat et du gou- vernement (Kwok et Tadesse, 2006). De plus, une structure adminis- trative décentralisée dans le pays, avec la présence de bureaucraties publiques à lʼéchelon fédéral, provincial mais également municipal, renforce le maillage dʼun tel système de corruption. Dans un pays émergent à forte imprégnation de la corruption dʼEtat, la coentreprise avec un partenaire local garde-t-elle ses atouts transac- tionnels pour la firme étrangère ? Il est possible de répondre à cette question en analysant les quatre facteurs de réduction des coûts de transaction liés à la corruption dʼEtat (identification et accès aux fonc- tionnaires corrompus, réduction du handicap de firme étrangère, créa- tion dʼun écran et gouvernance trilatérale de la corruption) dans un contexte de forte imprégnation de celle-ci. Dans un tel contexte, colla- borer avec une firme locale constitue toujours un atout à la fois pour gagner en légitimité locale et pour protéger sa réputation et son image si la corruption est révélée au grand jour. Mais lʼintérêt de sʼengager dans une coentreprise avec un partenaire local sʼaccroît dès lors que les objectifs poursuivis par la firme étrangère sont dʼidentifier rapide- ment et clairement les principaux interlocuteurs du processus de cor- ruption dʼEtat et de se prémunir dʼéventuels comportements opportu- nistes des individus corrompus. Lorsquʼelle pénètre et parcoure tous les niveaux, services et échelons administratifs de lʼEtat, la corruption fonctionne de manière complexe, sans règles formelles, ni pratiques M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 7 Impact de la corruption dʼEtat sur lʼévolution des participations européennes dans les coentreprises internationales codifiées. Dʼune demande de corruption à lʼautre, les attentes, les règles et les pratiques sont différentes. Ainsi, plus la corruption est répandue au sein de lʼEtat et du gouvernement local, plus celle-ci est difficilement lisible et prédictible pour un investisseur étranger qui, dès lʼentrée dans le pays, sera lʼobjet de sollicitations nombreuses et variées de la part des services de lʼEtat et du gouvernement local. En conséquence, la firme étrangère qui investit dans un pays émergent où la corruption imprègne lʼEtat, est fortement incitée à créer une coentre- prise et à la maintenir en activité le plus longtemps possible. Ces diffé- rents éléments nous conduisent à formuler lʼhypothèse suivante : H1 : Plus le degré dʼimprégnation de la corruption dʼEtat dans les pays émergents est fort, moins il est probable que les partenaires étrangers mettent un terme à la coentreprise internationale, et inver- sement. Si le degré dʼimprégnation de la corruption dʼEtat se réduit dans le temps, le partenaire étranger est moins dépendant de son partenaire local et en conséquence, il est incité à mettre un terme à la coentre- prise. Dans ce cas précis, la diminution de lʼincertitude environnemen- tale et des coûts de transaction liés à la corruption dʼEtat rend la coen- treprise internationale moins attractive que la filiale locale détenue à 100 % ou que lʼacquisition par la firme étrangère. En effet, les coûts de gouvernance sont alors plus forts pour la coentreprise que pour la filia- le ou lʼacquisition. A la différence de la coentreprise internationale, ces dernières offrent à la firme étrangère un contrôle total sur leur inves- tissement et leur profit. Du strict point de vue de lʼanalyse transaction- nelle, cette relation entre incertitude environnementale et internalisa- tion de la coentreprise internationale par le partenaire étranger appa- raît peu orthodoxe. En effet, lʼanalyse transactionnelle considère que lʼadoption dʼune structure de gouvernance hiérarchique est favorisée dès lors que lʼincertitude environnementale sʼaccroît (car cela conduit à une augmentation des coûts de transaction), et non lorsquʼelle se réduit (Cœurderoy et Quélin, 1998 ; Geyskens et al., 2006). Cepen- dant en matière de management des coûts de transaction liés à la cor- ruption dʼEtat, la coentreprise internationale avec un partenaire local lʼemporte sur une structure de gouvernance hiérarchique du type filia- le locale détenue à 100 % par la firme étrangère car elle est la seule structure de gouvernance susceptible dʼidentifier et dʼaccéder facile- ment aux fonctionnaires corrompus, de réduire lʼhandicap de firme étrangère, de créer un écran protecteur et de faciliter une gouvernan- ce trilatérale de la corruption. Avec la réduction du degré dʼimprégna- tion de la corruption dʼEtat, il y a moins de corruption ambiante, moins dʼasymétrie dʼinformations entre les parties et moins de possibilités de comportements opportunistes et de chantages ex post de la part des fonctionnaires corrompus. Dans cet environnement plus favorable à lʼinvestisseur étranger, lʼattrait de la coentreprise internationale tend à sʼestomper au profit dʼune filiale locale détenue à 100 %. Il est alors possible de définir lʼhypothèse suivante : H2 : Plus le degré dʼimprégnation de la corruption dʼEtat se réduit dans le temps, plus il est probable que les partenaires étrangers met- tent un terme à la coentreprise internationale en la rachetant. M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 8 Pierre-Xavier Meschi Dans cet article, nous avons fait le choix dʼanalyser les attitudes des firmes étrangères face à la corruption dʼEtat à partir de la théorie des coûts de transaction. Aussi lorsquʼelle évalue les coûts de transaction liés à la corruption dʼEtat dans un pays émergent, une analyse tran- sactionnelle doit-elle prendre davantage en considération les res- sources de la firme étrangère, et notamment sa connaissance et son expérience de la corruption. Cette connaissance va naturellement sʼacquérir dans le contexte local de la firme étrangère, cʼest-à-dire dans son propre pays. En effet, il est rare quʼune firme découvre la cor- ruption à lʼoccasion dʼun investissement à lʼétranger. Nombre de firmes américaines, européennes et japonaises ont déjà été confrontées à des transactions illégales ou à des pratiques de corruption sur leur marché local. De ces expériences locales de corruption, les firmes vont retirer une connaissance, voire même une expertise en manage- ment de la corruption (Cuervo-Cazurra, 2006). Des expositions répé- tées à des transactions illégales sur leur propre marché local permet- tent aux firmes dʼêtre sensibilisées aux subtilités, aux codes et signaux implicites dʼun processus qui pour le profane reste opaque, tacite et difficilement décodable. Cette connaissance leur sera utile lorsquʼelles seront amenées à investir dans des pays à forte corruption dʼEtat. Celle-ci sera dʼautant plus utile que le niveau de corruption du pays dʼorigine de lʼinvestisseur étranger sera proche de celui du pays où il investit. Ce constat sʼappuie sur les notions de distance psychique (Johanson et Vahlne, 1977 ; 1990) et de distance culturelle (Kogut et Singh, 1988). Les études sur la distance psychique et culturelle considèrent que les firmes réussissent mieux leur développement dans un nou- veau pays lorsque celui-ci est perçu psychologiquement et culturelle- ment proche de leur pays dʼorigine. Inversement, plus la distance psy- chique et culturelle est grande, plus le risque dʼun échec de lʼinvestis- sement est fort. Cette relation négative entre distance psychique et culturelle et performance de lʼinvestissement à lʼétranger sʼexplique en regard de deux facteurs : il sʼagit de lʼincertitude environnementale à laquelle est confrontée la firme étrangère et de sa capacité dʼappren- tissage et dʼadaptation au pays ; lʼintensité de ces deux facteurs découlant directement du niveau de distance psychique et culturelle entre pays dʼorigine et pays dʼinvestissement. Comme lʼont expliqué Habib et Zurawicki (2002 : 295), la corruption en tant que « composante des coutumes et des habitudes locales en matière administrative et managériale », doit être intégrée dans lʼéva- luation de la distance psychique et culturelle. Plus spécifiquement, cela renvoie à la notion de corruption relative ou comparée qui peut être définie comme la différence entre le niveau de corruption du pays de la firme étrangère et celui du pays émergent (Habib et Zurawicki, 2002). Dans cette perspective, lʼanalyse de la relation entre corruption dʼEtat et survie des coentreprises internationales tend à se détacher du niveau absolu de corruption pour se rapprocher dʼun niveau com- paré qui a lʼavantage dʼintroduire les notions dʼexpérience et dʼap- prentissage de la corruption. Ainsi, la capacité dʼune firme étrangère à gérer, seule ou avec lʼaide dʼun partenaire local, lʼincertitude environ- M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 9 Impact de la corruption dʼEtat sur lʼévolution des participations européennes dans les coentreprises internationales nementale et les coûts de transaction liés à la corruption dʼEtat est déterminée largement par la différence entre le niveau de corruption du pays dʼorigine de lʼinvestisseur étranger et celui du pays dʼinvestis- sement. Si cette différence est forte, la firme étrangère devra faire face à un surcroît dʼincertitude environnementale et de coûts de transaction liés à la corruption dʼEtat. Ces conditions défavorables vont fortement inciter la firme étrangère dʼune part, à former une coentreprise inter- nationale avec un partenaire local pour y faire face et dʼautre part, à chercher à la maintenir en activité le plus longtemps possible. Nous pouvons alors formuler lʼhypothèse suivante : H3 : Plus la différence de corruption dʼEtat entre le pays dʼorigine et le pays dʼinvestissement est forte, moins il est probable que les parte- naires étrangers mettent un terme à la coentreprise internationale, et inversement. MÉTHODOLOGIE : ECHANTILLON, ANALYSE DE SURVIE ET VARIABLES Cet article sʼappuie sur un échantillon de 277 firmes européennes qui ont annoncé la formation dʼune coentreprise internationale implantée dans un pays émergent au cours de la période comprise entre le 1er janvier 1996 et le 31 décembre 1996. Ces annonces ont été collectées à partir des bases de données Factiva, LexisNexis et Mergerstat. Chaque partenaire européen de lʼéchantillon est associé à au moins un partenaire local au sein de la coentreprise internationale. Les pays émergents ont été sélectionnés à partir des classifications du Fonds Monétaire International, de la Banque Mondiale et du journal The Eco- nomist. La répartition des pays émergents sélectionnés dans cet article est présentée dans lʼAnnexe 1. Dans cette recherche, lʼunité dʼanalyse nʼest pas la coentreprise mais la participation du partenaire européen dans la coentreprise. Dans cette optique, la survie de la participation du partenaire étranger est reliée à lʼévolution de cette participation au cours du temps. En nous appuyant sur les analyses de survie des coentreprises (Franko, 1971 ; Park et Russo, 1996 ; Barkema et al., 1997 ; Shi, 1998 ; Meschi, 2005), trois évolutions sont possibles pour les partenaires étrangers présents dans les coentreprises internationales : la première est la sortie de la coentreprise et elle se réalise soit par la cession de la participation du partenaire étranger, soit par la dissolution de la coentreprise dans son intégralité. La deuxième est lʼinternalisation de la coentreprise. Cela correspond à lʼacquisition de la participation du partenaire local et à la transformation de la coentreprise en filiale détenue à 100 % par la firme étrangère. La troisième est le maintien en lʼétat de la coentrepri- se avec les mêmes partenaires quʼà sa création. Les deux premières évolutions conduisent à la disparition de la coentreprise tandis que la dernière nous informe de sa survie. En sʼappuyant sur la méthode de lʼanalyse de lʼhistoire des événe- ments (event history analysis), nous avons suivi lʼévolution de chaque participation (cession, dissolution de la coentreprise, internalisation de 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 10 Pierre-Xavier Meschi la participation du partenaire local ou maintien en lʼétat) sur une pério- de à risque, allant de la date dʼinvestissement en 1996 à janvier 2007. Tout au long de cette période à risque de 10 années, nous avons iden- tifié les partenaires européens dont la coentreprise était encore en activité et ceux qui avaient dissout, cédé ou racheté la coentreprise. Dans cette optique, nous avons exploité et croisé différentes sources dʼinformations. Tout dʼabord, lʼanalyse longitudinale de chaque coen- treprise a été rendue possible grâce aux bases de données Factiva, LexisNexis et Mergerstat, aux rapports annuels dʼactivité et aux archives sur Internet des partenaires européens. Puis nous avons contacté et questionné par courriel (via la rubrique « relations avec les investisseurs » ou « contact » de leur site Internet) et par téléphone tous les partenaires européens de lʼéchantillon. Au total, 118 parte- naires européens ont mis un terme à leur coentreprise avant la fin de la période à risque (soit 42,6% de lʼéchantillon) : 20 partenaires ont opté pour la dissolution de la coentreprise, 56 pour la cession de leur participation au partenaire local et 42 pour lʼinternalisation de la parti- cipation du partenaire local et la transformation de la coentreprise en filiale. La Figure 1 présente la courbe de survie de la participation des partenaires européens dans les coentreprises internationales. Plus précisément, elle détaille année après année, sur lʼensemble de la période à risque, le nombre de partenaires européens dont la coen- treprise a été dissoute, cédée ou rachetée. Elle permet ainsi de suivre dans le temps lʼévolution du taux de survie cumulée de la participation des partenaires européens de cet échantillon. Figure 1. Evolution annuelle du taux de survie de la participation des partenaires européens dans les coen- treprises internationales 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 Taux de survie cumulée Durée (années) M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 11 Impact de la corruption dʼEtat sur lʼévolution des participations européennes dans les coentreprises internationales Afin de tester les hypothèses de recherche, deux variables dépen- dantes ont été utilisées et mesurées selon un codage binaire (0, 1). La première variable dépendante correspond à une mesure indifférenciée de la survie de la participation des partenaires européens : la valeur 0 a été donnée aux partenaires européens dont la coentreprise était encore en vie à la date du 1er janvier 2007. La valeur 1 a été attribuée aux partenaires européens qui ont dissout, cédé leur participation au partenaire local ou racheté la participation du partenaire local avant la date du 1er janvier 2007. La deuxième variable, qui a été conçue pour tester spécifiquement lʼhypothèse 2, correspond à une mesure dʼinter- nalisation de la coentreprise par les partenaires européens. Celle-ci a été construite en donnant la valeur 0 aux partenaires européens dont la participation est restée inchangée jusquʼà la date du 1er janvier 2007 ainsi quʼà ceux ayant dissout leur coentreprise ou cédé leur participa- tion au partenaire local. La valeur 1 a été attribuée aux partenaires européens qui ont racheté la participation du partenaire local. A partir dʼun modèle simple de survie (i.e., sans spécification de forme paramétrique), il a été possible dʼestimer successivement un taux de risque (hazard rate) de la participation des partenaires européens et une probabilité dʼinternalisation de la coentreprise de la manière sui- vante (Kalbfleisch et Prentice, 1980 ; Allison, 1984) : h(t) ou fonction de risque = λt avec t = 1, 2, …, T et 0 < λt < 1 λt est le taux de risque correspondant à lʼintervalle de temps t à lʼinté- rieur de la période à risque. Le taux de risque est lʼinverse du taux de survie. Le taux de risque est défini comme « la probabilité quʼun indi- vidu vive un événement particulier à lʼintérieur dʼun intervalle de temps [t, t+s], sachant que cet individu entre dans une période à risque à par- tir de t » (Allison, 1984 : 23). Par conséquent, la séquence de λ1 à λt correspond à lʼévolution annuelle du taux de risque de la participation dʼun partenaire européen donné. Lʼimpact des variables de corruption dʼEtat sur la probabilité de survie (ou sur le taux de risque) a été testé à partir dʼun modèle des risques proportionnels (proportional hazards model) de Cox (1972) : h(t) ou fonction de risque = exp(βXt)λt Xt est le vecteur des variables de corruption dʼEtat à lʼintervalle de temps t à lʼintérieur de la période à risque et β est le vecteur des coef- ficients de régression. Afin dʼidentifier précisément lʼeffet temporel de la corruption dʼEtat sur la participation des partenaires européens, chaque variable explicative a été introduite dans un modèle de régres- sion de Cox sous la forme dʼun construit variant avec le temps (time- varying construct). Un tel modèle de régression est qualifié de modè- le de Cox à prédicteurs chronologiques. Ainsi, les différentes variables de corruption dʼEtat ont été estimées pour chaque année de la pério- de à risque (i.e., de 1996 à 2006). Plus précisément, trois variables de corruption dʼEtat ont été introduites dans ce modèle de Cox à prédic- teurs chronologiques. LʼAnnexe 2 présente la distribution et lʼévolu- tion temporelle de ces trois variables de corruption dʼEtat. La première variable correspond au degré de pénétration ou dʼimpré- gnation de la corruption au sein des différents services et niveaux de lʼEtat et du gouvernement. Cette mesure a été développée et exploi- M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 12 Pierre-Xavier Meschi tée dans les travaux de Shleifer et Vishny (1993), de Doh et al. (2003) et de Rodriguez et al. (2005). Parmi les différents scores de corruption existants, celui de Political Risk Services est le plus pertinent pour évaluer le degré dʼimprégnation de la corruption dʼEtat. En effet, ce score est calculé à partir des indicateurs suivants (Wei, 1995 : 3) : « les membres du gouvernement sont-il susceptibles dʼexiger des transac- tions illégales ? […] Les versements de pots-de-vin sont-ils une pra- tique courante à tous les niveaux de lʼEtat ? ». Il faut noter également que le score de Political Risk Services correspond à une échelle de mesure des conséquences négatives du degré dʼimprégnation de la corruption dʼEtat pour les investisseurs étrangers. Afin de faciliter son interprétation, nous avons modifié lʼéchelle initiale du score de Politi- cal Risk Services (allant de 0 à 6) pour obtenir une échelle allant de 0 (absence de corruption) à 1 (corruption fortement répandue). La deuxième variable a été construite à partir du score de Political Risk Services. Il sʼagit dʼune mesure de la variation annuelle de ce score. Cette variable a été développée spécifiquement pour tester lʼhypothè- se 2 associant variation annuelle du degré dʼimprégnation de la cor- ruption dʼEtat et probabilité dʼinternalisation de la coentreprise interna- tionale par les partenaires étrangers. La troisième et dernière variable renvoie à une mesure de corruption relative ou comparée (Habib et Zurawicki, 2002). Il sʼagit de la différen- ce entre le niveau de corruption du pays dʼorigine du partenaire étran- ger et celui du pays émergent. Pour mesurer cette variable, nous nous sommes inspirés de la méthode de calcul de lʼindice de distance cultu- relle proposée par Kogut et Singh (1988). A partir de cette méthode, il a été possible dʼobtenir un indice de corruption relative. La formule de calcul de lʼindice de corruption relative (ICR) est la suivante : ICR = (SCi – SCj)2 / Vij SCi est le score de corruption dʼEtat du pays dʼinvestissement i et SCj est celui du pays dʼorigine du partenaire européen. Vij est la variance des scores de corruption dʼEtat pour lʼensemble des pays présents dans la base de données. Pour mesurer cet indice de corruption rela- tive, nous avons utilisé le score composite de Transparency Interna- tional. Il sʼagit du score de corruption dʼEtat le plus fréquemment utili- sé dans la littérature (Wei, 2000 ; Svensson, 2005 ; Kaufmann et al., 2005). Le score de Transparency International est obtenu en combi- nant et pondérant plus dʼune vingtaine de classements et dʼévalua- tions de la corruption dʼEtat. Transparency International cherche à évaluer le niveau de corruption dʼun pays en envisageant son impact négatif au niveau de lʼinvestissement direct étranger mais également au niveau macroéconomique, politique, social et plus généralement au niveau de la société civile. Le score de Transparency International est compris entre 0 (forte corruption) et 10 (absence de corruption). Cʼest un score ordinal ou de classement des différents pays. Afin de faciliter son interprétation, nous avons décidé de le recalculer en le position- nant sur une échelle allant de 0 (absence de corruption) à 1 (forte cor- ruption). Des variables de contrôle ont été introduites dans lʼanalyse car celles- ci ont souvent été considérées comme des déterminants de la survie M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 13 Impact de la corruption dʼEtat sur lʼévolution des participations européennes dans les coentreprises internationales des coentreprises dans la littérature. Il sʼagit du nombre de parte- naires, du montant du contrat (mesuré en millions de dollars US), des quatre principaux secteurs dʼactivité (par ordre dʼimportance, chimie et produits associés, automobile, équipement et composants électro- niques et électriques, et extraction pétrolière et gazière) présents au sein de lʼéchantillon (ils sont mesurés par une variable muette, 0-oui, 1-non), de la part de capital de la coentreprise qui est détenu par le partenaire européen (mesurée en pourcentage) et de lʼexpérience pays des partenaires européens (mesurée par le nombre de coentre- prises internationales formées dans le pays par les firmes euro- péennes entre 1986 et 1995, soit dix années avant le début de la période à risque). Les Tableaux 1 et 2 présentent respectivement la distribution des secteurs dʼactivité des partenaires européens de lʼéchantillon et la description des autres variables de contrôle ainsi que les corrélations. Tableau 1. Secteurs dʼactivité des entreprises de l̓ échantillon Nombre 69 37 23 15 133 277 Pourcentage 24,9 13,4 8,3 5,4 48,0 100,0 Secteur dʼactivité (code SIC à 2 chiffres) Chimie et produits associés Automobile Equipement et composants électroniques et élec- triques Extraction pétrolière et gazière Autres Total Tableau 2. Description statistiques des variables et corrélations Variables 1. Imprégnation de la corruptiona 2. Variation annuelle de lʼimprégnation 3. Corruption relative 4. Nombre de partenaires 5. Montant du contrat 6. Part de capital 7. Chimie et produits associés 8. Automobile 9. Equippement et composants 10. Extraction pétro- lière et gazière 11. Expérience pays Moyenne (écart-type) 1,29 (0,63) 146,73 (355,26) 50,35 (14,39) 1,64 (3,88) 1 0,08 0,32*** 0,12 0,02 0,07 0,01 0,07 0,12** 0,09 0,24*** 2 -0,03 –0,03 –0,01 0,01 0,02 –0,02 –0 ,01 0, 02 –0,06 3 0,03 –0,00 0,04 –0,12* 0,03 0,10 0,23*** –0,14** 4 0,13** –0,52*** –0,10* –0,01 –0,07 0,20*** 0,14** 5 –0,13** 0,1* –0,07 –0,10 0,20*** 0,08 6 0,12** –0,05 0,06 –0,20*** 0,12** 7 –0,23*** –0,17*** –0,14** 0,058 8 –0,12** –0,09 –0,10* 9 –0,07 0,01 10 –0,062 a : moyenne sur lʼensemble de la période à risque ; * : p < 0,1 ; ** : p < 0,05 ; *** : p < 0,01 (test bilatéral) M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 14 Pierre-Xavier Meschi TTEESSTT DDEESS HHYYPPOOTTHHÈÈSSEESS EETT RRÉÉSSUULLTTAATTSS Le Tableau 2 présente les corrélations entre les différentes variables indépendantes et de contrôle. En laissant de côté la forte corrélation impliquant le score dʼimprégnation de la corruption dʼEtat et lʼindice de corruption relative, il ressort de ce tableau que les plus fortes corréla- tions concernent la variable “extraction pétrolière et gazière”. Il faut noter également que la présence de corrélations significatives et posi- tives entre lʼinvestissement dans le secteur de lʼextraction pétrolière et gazière et les variables de corruption dʼEtat est un résultat cohérent avec celui obtenu par certaines études sur la corruption (endémique) dans le secteur des ressources naturelles (Ades et Di Tella, 1999 ; OʼHiggins, 2006). En-dehors de cette observation, la matrice des cor- rélations ne soulève pas de problèmes particuliers de colinéarité entre variables indépendantes et de contrôle. Afin de tester les différentes hypothèses de recherche, plusieurs modèles de risques proportionnels sont présentés dans le Tableau 3. Celui-ci détaille respectivement les coefficients des modèles de risques proportionnels pour le taux de risque de la participation des partenaires étrangers et pour la probabilité dʼinternalisation des coen- treprises internationales. En-dehors du modèle 1 qui concerne exclu- sivement les variables de contrôle, chaque modèle examine lʼimpact dʼune seule et unique variable de corruption, et cela afin dʼéviter les problèmes de colinéarité évoqués précédemment. Il ressort du Tableau 3 que la qualité dʼajustement des différents modèles est moyenne. Cʼest le modèle 3 qui présente lʼajustement statistique le plus significatif (à p < 0,01). Plus précisément, lʼanalyse des coefficients des différents modèles nous montre que seule lʼhypo- thèse 1 est validée ; les autres (à savoir, les hypothèses 2 et 3) étant invalidées. Les différentes hypothèses de recherche ont été élaborées en sʼap- puyant sur lʼanalyse transactionnelle de la relation entre corruption dʼEtat et survie de la participation des partenaires étrangers dans les coentreprises internationales. Lʼhypothèse 1 prédisait une relation négative entre une dimension spécifique de la corruption dʼEtat, son degré dʼimprégnation, et le taux de risque de la participation des par- tenaires étrangers. Le coefficient significatif et négatif du score dʼim- prégnation de la corruption dʼEtat dans les pays émergents nous per- met de valider lʼhypothèse 1. En dʼautres termes, il apparaît que plus le score dʼimprégnation de la corruption dʼEtat dans les pays émer- gents est fort, moins il est probable que les partenaires étrangers met- tent un terme à la coentreprise internationale, et inversement. La Figure 2 a été réalisé afin de mieux appréhender cette relation. Celui-ci distingue lʼévolution annuelle du taux de risque selon que la firme étrangère ait investi dans un pays émergent à fort ou à faible degré dʼimprégnation de la corruption dʼEtat. Reprenant une méthode de césure proposée dans plusieurs études empiriques (voir notam- ment Tsai, 2001 et Miller et Eden, 2006), la distinction de lʼéchantillon entre “faible degré dʼimprégnation” et “fort degré dʼimprégnation” sʼest faite à partir du degré moyen dʼimprégnation de la corruption dʼEtat M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 15 Impact de la corruption dʼEtat sur lʼévolution des participations européennes dans les coentreprises internationales T a b le a u 3 . M od èl es d es ri sq ue s pr op or tio nn el s de C ox Im pr ég na tio n de la c or ru pt io n Va ria tio n an nu el le d e lʼim pr ég na tio n In di ce d e co rru pt io n re la tiv e No m br e de p ar te na ire s M on ta nt d u co nt ra t ( lo g) Pa rt de c ap ita l Ch im ie e t p ro du its a ss oc ié s Au to m ob ile Eq uip em en t e t c om po sa nt s éle ctr on iqu es e t é lec tri qu es Ex tra ct io n pé tro liè re e t g az iè re Ex pé rie nc e pa ys Ra tio d e vr ai se m bl an ce Ch i-2 (m od èl e) N (p ar en th ès es : no m br e de c oe nt re pr ise s int er ro m pu es ) b† –0 ,2 9 –0 ,0 7 –0 ,0 1 –0 ,3 3 –0 ,3 7 –0 ,3 0 –0 ,4 5 –0 ,0 4 –6 21 ,4 3 10 ,7 5 27 7 (1 18 ) e. s. ‡ (0 ,2 0) * (0 ,1 6) (0 ,0 1) * (0 ,2 4) * (0 ,3 1) (0 ,3 6) (0 ,4 8) (0 ,0 3) b -0 ,3 4 –0 ,2 4 –0 ,0 8 –0 ,0 1 –0 ,2 8 –0 ,2 8 –0 ,1 8 –0 ,3 5 –0 ,0 3 –6 19 ,0 8 15 ,4 5* 27 7 (1 18 ) e. s. (0 ,1 6) ** (0 ,2 0) (0 ,1 6) (0 ,0 1) (0 ,2 4) (0 ,3 1) (0 ,3 7) (0 ,4 8) (0 ,0 3) b 0, 03 –0 ,2 8 –0 ,0 3 –0 ,0 1 –0 ,2 1 –0 ,3 9 –0 ,3 4 –0 ,8 3 –0 ,0 2 –6 13 ,8 7 25 ,8 6* ** 27 7 (1 18 ) e. s. (0 ,0 1) ** * (0 ,1 9) * (0 ,1 5) (0 ,0 1) * (0 ,2 4) (0 ,3 1) (0 ,3 6) (0 ,4 9) (0 ,0 3) b –0 ,4 6 –0 ,4 7 –0 ,4 5 –0 ,0 0 0, 16 –0 ,3 4 –0 ,6 7 –0 ,3 8 –0 ,1 8 –2 03 ,8 8 16 ,0 8* 27 7 (4 2) e. s. (0 ,2 9) (0 ,4 4) (0 ,2 7) * (0 ,0 1) (0 ,3 8) (0 ,5 5) (0 ,7 5) (1 ,0 5) (0 ,1 2) Le s co ef fic ie nt s po sit ifs in di qu en t q uʼ un e au gm en ta tio n de la v al eu r d es v ar ia bl es d e co rru pt io n dʼ Et at e t d e co nt rô le s e tra du it à la fo is pa r u ne d im in ut io n de la p ro ba - bi lité d e su rv ie d e la p ar tic ip at io n de s pa rte na ire s eu ro pé en s (m od èl es 2 e t 3 ) e t p ar u ne a ug m en ta tio n de la p ro ba bi lité d ʼin te rn al isa tio n de s co en tre pr ise s in te rn a- tio na le s pa r l es p ar te na ire s eu ro pé en s (m od èl e 4) , e t i nv er se m en t. †: p ar am èt re e st im é ; ‡ : e rre ur s ta nd ar d ; * : p < 0, 10 ; ** : p < 0, 05 ; ** * : p < 0 ,0 1. M od èl e 1 Ré fé re nc e (b as el in e) M od èl e 2 Ta ux d e ris qu e M od èl e 3 Ta ux d e ris qu e M od èl e 4 In te rn al isa tio n M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 16 Pierre-Xavier Meschi (moyenne = 0,626) et de lʼécart-type (0,099). Le degré dʼimprégnation de la corruption dʼEtat a été qualifié de fort quand ce degré était supé- rieur à 0,725 (correspondant à lʼaddition de la moyenne et de lʼécart- type) et de faible quand ce degré était inférieur à 0,527 (correspondant à la soustraction de la moyenne par lʼécart-type). La Figure 2 confirme la relation négative qui a été établie précé- demment. Mais elle précise également que cette relation négative nʼapparaît clairement quʼaprès la quatrième année dʼexistence des coentreprises internationales de lʼéchantillon. Entre lʼannée de forma- tion et la fin de la quatrième année dʼexistence des coentreprises inter- nationales, il ne semble pas y avoir de différences significatives de taux de risque entre pays émergents à fort ou à faible degré dʼimpré- gnation de la corruption dʼEtat. Lʼhypothèse 2 considérait quʼil était fortement probable que les parte- naires étrangers internalisent et transforment la coentreprise interna- tionale en filiale lorsque le degré dʼimprégnation de la corruption dʼEtat baissait au cours du temps. Cette deuxième hypothèse nʼest pas vali- dée. Pour les partenaires étrangers, le choix dʼacquérir la coentrepri- se internationale ne semble pas déterminé par la variation annuelle du score dʼimprégnation de la corruption dʼEtat. Le coefficient significatif et positif de lʼindice de corruption relative ne permet pas de valider lʼhypothèse 3 qui prédisait un impact négatif. Il ressort du Tableau 3 que plus la différence entre le niveau de cor- ruption du pays dʼorigine de lʼinvestisseur étranger et celui du pays dʼinvestissement est forte, plus il est probable que les partenaires étrangers mettent un terme à la coentreprise internationale, et inver- 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Figure 2. Evolution annuelle du taux de survie de la participation des partenaires européens selon le degré dʼimprégnation de la corruption dʼEtat 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 Taux de survie cumulée Durée (années) Faible degré dʼimprégniation Fort degré dʼimprégniation M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 17 Impact de la corruption dʼEtat sur lʼévolution des participations européennes dans les coentreprises internationales sement. En distinguant lʼévolution annuelle du taux de risque selon que lʼindice de corruption relative soit faible ou fort, la Figure 3 confir- me la relation positive entre ces deux variables. Parmi les variables de contrôle, il en ressort deux qui présentent un impact significatif sur le taux de risque de la participation des parte- naires étrangers : le nombre de partenaires et la part de capital déte- nu par le partenaire européen. Plus précisément, le Tableau 3 montre que la probabilité de survie des coentreprises internationales est plus forte pour celles ayant un nombre de partenaires étrangers et locaux supérieur à trois et des partenaires étrangers majoritaires au capital. Il faut noter également que la probabilité de survie ne diffère pas significativement selon les secteurs étudiés (automobile, chimie, équipement et composants électroniques et électriques et extraction pétrolière et gazière). DISCUSSION ET CONCLUSION Lʼobjectif de ce papier était dʼanalyser la relation entre corruption dʼEtat dans les pays émergents et survie de la participation des partenaires étrangers dans les coentreprises internationales. Nous avons fait le choix dʼétudier cette relation à partir de la théorie des coûts de tran- saction. Tout dʼabord, ce choix a été motivé par la nature fondamenta- lement transactionnelle de la corruption dʼEtat. Ensuite, lʼanalyse tran- sactionnelle permettait dʼenvisager la coentreprise internationale comme une structure de gouvernance ou de management de la cor- 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Figure 3. Evolution annuelle du taux de survie de la participation des partenaires européens selon lʼindice de corruption relative 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 Taux de survie cumulée Durée (années) Indice de corruption relative élevé Indice de corruption relative faible M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 18 Pierre-Xavier Meschi ruption. Enfin, la théorie des coûts de transaction permettait de mieux comprendre la situation de dépendance de la firme étrangère vis-à-vis de son partenaire local et son attachement à la survie de la coentre- prise internationale dans un contexte de forte corruption dʼEtat. Au- delà de lʼanalyse transactionnelle de la survie de la participation des partenaires étrangers dans les coentreprises internationales, il sʼagis- sait ici de sʼintéresser plus généralement aux attitudes des firmes étrangères face à la corruption dʼEtat dans les pays émergents. Des réactions significatives à la corruption dʼEtat ont été observées au sein des 277 firmes européennes de lʼéchantillon. Ces réactions sont paradoxales à première vue. En effet, il ressort du Tableau 3 que deux variables de corruption dʼEtat, le degré dʼimprégnation de la cor- ruption et lʼindice de corruption relative, ont un impact significatif mais opposé sur la survie de la participation des partenaires étrangers : le degré dʼimprégnation de la corruption a un effet stabilisateur sur les partenaires étrangers et leur coentreprise internationale alors que lʼin- dice de corruption relative a un effet déstabilisateur. Le paradoxe rési- de dans le constat que les firmes étrangères sont affectées différem- ment par deux variables qui sont censées mesurer le même phéno- mène. Il est néanmoins possible dʼexpliquer un tel paradoxe en considérant que le degré dʼimprégnation de la corruption et lʼindice de corruption relative ne mesurent pas le même phénomène et quʼen conséquence, leur impact sur la survie ne soit pas comparable. Dans le cas du degré dʼimprégnation de la corruption, cette variable est mesurée à partir du score de Political Risk Services qui évalue la corruption dʼEtat dʼun pays et ses conséquences négatives pour la firme, et plus spécifique- ment pour lʼinvestisseur étranger. Le score de Political Risk Services cherche à identifier ce que la corruption dʼEtat dʼun pays induit en termes de barrières à lʼentrée et à la sortie pour un investisseur étran- ger. En réalité, ce score ne donne pas une valeur brute de la corrup- tion dʼEtat et de son imprégnation dans les différents niveaux et ser- vices de lʼEtat et du gouvernement. Il restitue plutôt la dimension risque dʼaffaires (business risk) que comporte le degré dʼimprégnation de la corruption. Dans le cas de lʼindice de corruption relative, cette variable est déduite du score composite de Transparency Internatio- nal. Celui-ci est considéré comme composite car il est issu dʼune méta-analyse de plus dʼune vingtaine de classements de la corruption dʼEtat. Le score composite de Transparency International cherche à évaluer la corruption dʼEtat en se plaçant du point de vue de la firme mais également du point de vue macroéconomique, politique, social et de la société civile. En dʼautres termes, il sʼagit dʼun score pluriel du point de vue des acteurs concernés et au-delà dʼune mesure de la cor- ruption, celui-ci peut être rapproché dʼune mesure du risque pays ou de lʼincertitude environnementale. Ce caractère systémique du score composite de Transparency International a été confirmé dans lʼétude de Svensson en 2005. Celui-ci a montré que parmi différents scores de corruption (dont celui du Political Risk Services), celui de Transpa- rency International affichait le plus grand nombre de corrélations signi- ficatives avec les indicateurs utilisés dans son étude : PNB/habitant, M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 19 Impact de la corruption dʼEtat sur lʼévolution des participations européennes dans les coentreprises internationales nombre dʼannées dʼétudes, liberté de la presse, importations/PNB et nombre de jours requis par lʼadministration pour créer son entreprise. De son coté, le score du Political Risk Services apparaissait significa- tivement corrélé quʼavec le PNB/habitant et le nombre de jours requis par lʼadministration pour créer son entreprise. Si le degré dʼimprégnation de la corruption et lʼindice de corruption relative ne renvoient pas au même phénomène, il est alors possible de considérer que ces deux variables nʼont pas le même effet sur les investisseurs étrangers. Ainsi, un degré élevé dʼimprégnation de la corruption accroît le risque dʼaffaires des firmes étrangères en multi- pliant les barrières à lʼentrée et à la sortie du pays. Dans un tel contex- te, la collaboration avec un partenaire local au sein dʼune coentreprise internationale est la seule option pour la firme étrangère désireuse dʼinvestir dans un pays à forte imprégnation de la corruption dʼEtat. En effet, si elle ne veut pas voir son investissement retardé ou pénalisé par lʼEtat ou le gouvernement local, la firme étrangère doit sʼentendre avec un partenaire local dont lʼune des contributions stratégiques à la coentreprise sera de réduire les coûts de transaction liés à la corrup- tion dʼEtat (en facilitant lʼidentification et lʼaccès aux fonctionnaires cor- rompus, la réduction de son handicap de firme étrangère, la création dʼun écran et la gouvernance trilatérale de la corruption). Tant que les barrières à lʼentrée et à la sortie se maintiennent, la coentreprise demeure la seule option possible, ce qui explique lʼeffet stabilisateur du degré dʼimprégnation de la corruption. Comme le degré dʼimprégnation de la corruption, lʼindice de corruption relative est un indicateur du risque dʼaffaires. Cependant, lʼindice de corruption relative nʼest pas seulement un indicateur du risque dʼaf- faires. Il nous renseigne également sur la situation macroéconomique, politique, sociale, etc., et plus généralement sur le niveau dʼincertitude environnementale dʼun pays. Plus précisément, cʼest la différence entre le niveau de corruption du pays dʼorigine de lʼinvestisseur étran- ger et celui du pays dʼinvestissement qui va déterminer le niveau dʼin- certitude environnementale. Si cette différence est forte, la firme étran- gère devra faire face à un niveau dʼincertitude environnementale et de coûts de transaction liés à la corruption dʼEtat auxquels elle nʼa pas lʼhabitude sur son marché local. A lʼentrée dans le pays, lʼinvestisseur étranger est fortement incité à former une coentreprise internationale avec un partenaire local pour faire face à cette forte distance psy- chique et culturelle et pour se protéger des conditions défavorables de lʼenvironnement. Si ces conditions défavorables de lʼenvironnement du pays se maintiennent, ce nʼest plus seulement à un problème de cor- ruption ou de distance psychique ou culturelle auquel vont être confrontées les firmes étrangères mais à un problème plus général dʼappauvrissement de la population, dʼinstabilité politique, dʼagitations sociales et de crise économique dʼun pays. La question va alors se poser pour la firme étrangère de la pertinence de son investissement et de son maintien dans le pays. Dans la mesure où lʼindice de cor- ruption relative ne diminue pas, le risque pays devient difficilement supportable au cours du temps par la firme étrangère qui peut être amenée à désinvestir et quitter le pays. En poursuivant cette logique M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 20 Pierre-Xavier Meschi explicative, il apparaît quʼun indice élevé de corruption relative déter- mine la probabilité mais également la modalité de rupture de la coen- treprise internationale par les partenaires étrangers. LʼAnnexe 3 apporte une confirmation à cette logique explicative en montrant que les modalités de rupture des coentreprises internationales (internalisa- tion, dissolution et cession) sont affectées différemment par lʼindice de corruption relative. Un indice élevé de corruption relative sʼaccom- pagne au cours du temps par une forte probabilité de dissolution et de cession des coentreprises internationales alors que cette variable de corruption dʼEtat nʼa aucun impact sur la probabilité dʼinternalisation. Ainsi, la formation dʼune coentreprise internationale mais aussi sa ces- sion ou sa dissolution par les partenaires étrangers sont la consé- quence dʼun indice de corruption relative qui est élevé à lʼentrée dans le pays et le reste au cours du temps. Ces différents constats appellent des commentaires quant à lʼutilisation de la théorie des coûts de transaction pour mieux comprendre la rela- tion entre corruption dʼEtat dans les pays émergents et survie de la par- ticipation des partenaires étrangers dans les coentreprises internatio- nales. Nos résultats ne sʼinscrivent que partiellement dans les proposi- tions de cette théorie. Il ressort de ce papier que lʼanalyse transaction- nelle apporte des éléments importants de compréhension de la relation entre comportements des firmes étrangères et corruption dʼEtat, notamment lorsque cette dernière est analysée comme un risque dʼaf- faires. Dans cette optique, la coentreprise internationale est la structu- re de gouvernance qui minimise les coûts de transaction liés à la cor- ruption dʼEtat. Dès lors que la corruption dépasse le seul champ de la firme et devient un indicateur plus général de risque pays, la coentre- prise internationale perd sa spécificité transactionnelle et se retrouve comme nʼimporte quelle firme locale dont la survie dépend de la natu- re et de lʼévolution des conditions (macroéconomiques, politiques, sociales et sociétales) du pays. Le déterminisme environnemental qui a été observé au niveau des partenaires étrangers confrontés à un indi- ce élevé de corruption relative requiert le recours à un cadre théorique explicatif distinct de celui de la théorie des coûts de transaction. Un tel cadre théorique explicatif pourrait exploiter les théories de lʼécologie des populations dʼorganisations (Hannan et Freeman, 1977 ; Caroll et Delacroix, 1982) et de lʼorganisation industrielle (Bain, 1956 ; Porter, 1980 ; Scherer, 1980) qui sʼappuyant conjointement sur une rationalité de sélection environnementale, défendent une relation négative entre incertitude environnementale et survie des firmes. Cet article présente un certain nombre de limites. Celles-ci pourraient être atténuées et constituer autant de prolongements à cette recherche. Les limites de cet article sont principalement liées à la mesure de la survie de la participation des partenaires étrangers dans les coentreprises internationales. Nous avons considéré dans cet article que le partenaire étranger était celui qui choisissait librement de céder, dissoudre ou internaliser la coentreprise internationale. En ce sens, la réalité a été simplifiée en écartant les procédures dʼoptions, call et put, à la disposition du partenaire local, qui peuvent forcer le partenaire étranger à céder, dissoudre ou racheter la coentreprise M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 21 Impact de la corruption dʼEtat sur lʼévolution des participations européennes dans les coentreprises internationales internationale. Une deuxième limite est liée à la nature de la demande de corruption dans cet article. En effet, la demande peut émaner des Etats et gouvernements locaux. Dans ce sens, la corruption dʼEtat est une question dʼextorsion et les firmes étrangères se trouvent dans la situation de gérer les demandes de corruption avancées par les Etats et les gouvernements locaux. Cependant, une autre demande de cor- ruption peut exister : les firmes étrangères sont également suscep- tibles de développer des stratégies de corruption en relation avec des facteurs tels que la structure de lʼindustrie ou les facteurs internes à la firme. Dans ce cas, le mode dʼentrée et la survie de la participation peuvent être influencés par dʼautres facteurs que lʼimprégnation de la corruption dʼÉtat, comme par exemple, la place de la corruption dans la stratégie de lʼentreprise. Lʼimportance de la place des coentreprises internationales formées en Chine au sein de lʼéchantillon (plus dʼun tiers de lʼéchantillon) représente une troisième limite. Afin de vérifier la stabilité de nos résultats, des tests statistiques complémentaires ont été réalisés sur un sous-échantillon excluant les coentreprises inter- nationales implantées en Chine. Il en est ressorti que lʼimpact des dif- férentes mesures de corruption dʼEtat était proche du modèle initial même si cet impact perdait en significativité. Ceci nous conduit à considérer une certaine influence chinoise sur les résultats obtenus. Une dernière limite est liée à la focalisation sur une seule forme dʼin- vestissement direct étranger dans les pays émergents. En ne sʼap- puyant que sur un échantillon de firmes étrangères engagées dans des coentreprises internationales, il apparaît difficile de tirer des conclusions définitives sur les attitudes des firmes étrangères face à la corruption dʼEtat dans les pays émergents. Une extension de cette recherche aux autres formes dʼinvestissement direct étranger (acqui- sition et filiale) devrait être envisagée. Cela permettrait dʼavoir une vision plus complète de la relation entre corruption dʼEtat et survie des firmes étrangères dans les pays émergents et de considérer lʼexisten- ce de réactions différenciées à la corruption dʼEtat selon la forme dʼin- vestissement direct étranger. Note. Je tiens à remercier les quatre évaluateurs et Bernard Forgues pour la qualité du travail de synthèse, de relecture ainsi que pour les suggestions et remarques qui ont été faites sur les différentes versions de lʼarticle. Une première version de cet article a été présentée en 2005 à la 22nd Eastern Academy of Management Conference (Cape Town), où il a reçu le John Yanouzas Award for Outstanding Paper et en 2007 à la XVIè- me Conférence de lʼAssociation Internationale de Management Stratégique (Montréal). Pierre-Xavier Meschi est Professeur à lʼUniversité de la Méditerranée (Aix-Marseille II) et au Ceram où il enseigne la stratégie. Il mène actuellement des recherches sur le mana- gement et la performance des coentreprises et des acquisitions internationales dans les pays émergents. Ses derniers travaux ont été publiés dans Asia Pacific Journal of Mana- gement, Finance Contrôle Stratégie, International Business Review, Human Relations, Journal of World Business, Journal of International Management, Journal of International Business Studies, Management International Review et Revue Française de Gestion. � Ades, A., et R. Di Tella 1999 Rents, Competition and Corruption, Amer- ican Economic Review, 89: 4, 982-993. � Aidt, T. S. 2003 Economic Analysis of Corruption: A Survey, The Economic Journal, 113: 491, 632-652. � Allison, P. D. 1984 Event History Analysis: Regression for Longitudinal Event Data, New York: Sage. � Bain, J. S. 1956 Barriers to New Competition, Cam- bridge MA: Harvard University Press. � Barkema, H. G., O. Shenkar, F. Vermeulen, et J. H. 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M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 22 Pierre-Xavier Meschi REFERENCES M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 23 Impact de la corruption dʼEtat sur lʼévolution des participations européennes dans les coentreprises internationales � Porter, M.E. 1980 Competitive Strategy, New York: Free Press. � Reuer, J. J. 1998 International Joint Venture Instability and Corporate Strategy, INSEAD Work- ing Paper, 98/55/SM. � Rodriguez, P., K. Uhlenbruck, et L. Eden 2005 Government Corruption and the Entry Strategies of Multinational, Academy of Management Review, 30: 2, 383-396. � Rodriguez, P., D. S. Siegel, A. Hillman, et L. 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Dominicaine Rép. Tchèque Roumanie Russie Serbie Slovénie Sri Lanka Thaïlande Tunisie Turquie Ukraine Ouzbékistan Venezuela Vietnam Zimbabwe Total M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 25 Impact de la corruption dʼEtat sur lʼévolution des participations européennes dans les coentreprises internationales ANNEXE 2 : DESCRIPTION STATISTIQUE ET ÉVOLUTION ANNUELLE DES VARIABLES DE CORRUPTION D’ETAT Moyenne 0,55 3,86 0,56 0,03 3,72 0,58 0,04 3,68 0,59 0,08 3,83 0,66 0,11 3,81 0,69 0,07 3,32 0,71 0,06 3,43 0,63 –0,10 4,14 0,62 0,01 4,62 0,66 0,06 5,05 0,65 -0,01 4,84 Ecart type 0,14 2,04 0,14 0,13 1,95 0,14 0,22 2,14 0,12 0,35 2,19 0,17 0,19 2,12 0,15 0,24 1,89 0,13 0,17 2,13 0,10 0,14 2,15 0,09 0,21 2,22 0,08 0,14 2,21 0,08 0,06 2,20 Minimum 0,17 0,00 0,17 –0,32 0,01 0,17 –0,25 0,00 0,17 –0,32 0,02 0,17 –0,25 0,01 0,34 –0,49 0,00 0,34 –0,25 0,00 0,34 –0,49 0,02 0,50 –0,25 0,02 0,26 –0,49 0,01 0,26 –0,30 0,00 Maximum 0,67 9,72 0,83 1,00 9,46 0,83 1,94 9,46 0,83 1,94 9,83 0,83 0,97 10,82 1,00 1,94 10,09 1,00 1,94 9,46 1,00 0,47 9,46 1,00 0,97 10,17 1,00 0,50 10,92 1,00 0,15 10,88 1996 Score dʼimprégnation de la corruption Indice de corruption relative 1997 Score dʼimprégnation de la corruption Variation annuelle du score dʼimprégnation (1996-1997) Indice de corruption relative 1998 Score dʼimprégnation de la corruption Variation annuelle du score dʼimprégnation (1997-1998) Indice de corruption relative 1999 Score dʼimprégnation de la corruption Variation annuelle du score dʼimprégnation (1998-1999) Indice de corruption relative 2000 Score dʼimprégnation de la corruption Variation annuelle du score dʼimprégnation (1999-2000) Indice de corruption relative 2001 Score dʼimprégnation de la corruption Variation annuelle du score dʼimprégnation (2000-2001) Indice de corruption relative 2002 Score dʼimprégnation de la corruption Variation annuelle du score dʼimprégnation (2001-2002) Indice de corruption relative 2003 Score dʼimprégnation de la corruption Variation annuelle du score dʼimprégnation (2002-2003) Indice de corruption relative 2004 Score dʼimprégnation de la corruption Variation annuelle du score dʼimprégnation (2003-2004) Indice de corruption relative 2005 Score dʼimprégnation de la corruption Variation annuelle du score dʼimprégnation (2004-2005) Indice de corruption relative 2006 Score dʼimprégnation de la corruption Variation annuelle du score dʼimprégnation (2005-2006) Indice de corruption relative M@n@gement, Vol. 11, No. 1, 2008, 1-26 26 Pierre-Xavier Meschi ANNEXE 3 : CORRUPTION D’ETAT ET PROBABILITÉS D’INTERNALISATION, DE DISSOLUTION OU DE CESSION DES COENTREPRISES INTERNATIONALES Les variables dʼinternalisation, de dissolution et de cession des coen- treprises internationales par les partenaires étrangers ont été construites de la manière suivante : dans le cas de la variable dʼinter- nalisation, la valeur 0 a été donnée aux partenaires européens dont la participation est restée inchangée jusquʼà la date du 1er janvier 2007 ainsi quʼà ceux ayant dissout leur coentreprise ou cédé leur participa- tion au partenaire local. La valeur 1 a été attribuée aux partenaires européens qui ont racheté la participation du partenaire local (soit 42 partenaires européens sur 277). Dans le cas de la variable de disso- lution, la valeur 0 a été donnée aux partenaires européens dont la par- ticipation est restée inchangée jusquʼà la date du 1er janvier 2007 ainsi quʼà ceux ayant internalisé ou cédé leur coentreprise. La valeur 1 a été attribuée aux partenaires européens qui ont dissout la coentreprise internationale (soit 20 partenaires européens). Dans le cas de la variable de cession, la valeur 0 a été donnée aux partenaires euro- péens dont la participation est restée inchangée jusquʼà la date du 1er janvier 2007 ainsi quʼà ceux ayant dissout ou racheté leur coentrepri- se. La valeur 1 a été attribuée aux partenaires européens qui ont cédé leur participation au partenaire local (soit 56 partenaires européens). Indice de corruption relative Ratio de vraisemblance Chi-2 (modèle) N Probabilité d i̓nternalisation 0,01† (0,08) –450,59 0,01 42 Probabilité de dissolution 0,12 (0,11)* –217,95 1,22* 20 Probabilité de cession 0,12 (0,06)** –619,37 3,75** 56 † Les coefficients positifs indiquent quʼune augmentation de la valeur de lʼindice de corruption relative se traduit par une augmentation de la probabilité dʼinternalisation, de dissolution ou de cession des coentreprises internationales par les partenaires européens. Les erreurs standards sont présentées entre parenthèses * : p < 0,10 ; ** : p < 0,05 (test bilatéral).